Sous la pression de l’opinion publique, François Fillon a récemment dû dévoiler les clients de sa société de « conseil » qui l’occupe tellement qu’il n’a plus de temps à consacrer à son mandat parlementaire. Parmi ceux-ci, les assurances AXA… qui emploient un autre député bien connu de nos lecteurs, Georges Ginesta…

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Georges Ginesta (photo) a plusieurs points communs avec François Fillon :

Mais jusqu’au 6 février dernier, nous ignorions la plus troublante de leurs similitudes : lors de sa conférence de presse « la vérité si je mens », François Fillon a dévoilé les clients de sa société de conseil. Parmi ceux-ci, AXA, dirigé au moment des faits par son ami personnel Henri de Castries. L’assureur lui aurait versé 200.000 euros entre 2012 et 2014.

Le nom « AXA » nous rappelait bien une affaire, mais pendant plusieurs jours, nous n’arrivions plus à nous rappeler laquelle. Jusqu’à aujourd’hui où nous nous sommes souvenus d’un point secondaire de notre enquête de janvier 2015 sur la permanence parlementaire de Georges Ginesta : le député-maire de Saint-Raphaël (Var) indiquait dans sa déclaration d’intérêts qu’il était « agent d’assurance » pour AXA. C’était toujours le cas fin 2016 lors de sa plus récente déclaration portant sur 2015 et les années antérieures :

En 2015, nous notions de manière quelque peu sibylline :

On se demande du reste comment Georges Ginesta trouve le temps d’exercer une activité aussi lucrative alors qu’il est à la fois député, maire et président de la communauté d’agglomération.

Deux ans plus tard, ce fait prend une toute autre résonance avec l’affaire Fillon. Dans les deux cas, une grande entreprise paie des députés pour une activité douteuse, et manifestement incompatible avec l’exercice d’un mandat parlementaire (ainsi que d’un mandat municipal et d’un autre mandat intercommunal pour Ginesta). Et dans les deux cas, les montants sont de même ordre de grandeur en plus d’être exorbitants : environ 200.000 euros par an pour Ginesta, 100.000 pour Fillon. Sommes qui s’ajoutent à leurs indemnités d’élus, malgré leur évident abandon de poste à l’Assemblée nationale.

La question qui se pose à présent est : les assurances AXA sont-elles en train d’acheter la classe politique française ?

Interrogé par Mediapart, François Bayrou n’hésite pas à répondre par l’affirmative :

« Comment ne pas soupçonner un trafic d’influence ? Les puissances de l’argent sont en train d’accaparer la politique. De très grandes sociétés multinationales se paient des hommes politiques, appointent, donnent de l’argent à des hommes politiques pour qu’ils les aident à ouvrir des portes, à se servir de leurs relations pour leurs intérêts. »

Ce qui pose une ultime question, à laquelle nous n’avons pas encore de réponse : combien de parlementaires AXA a-t-il payés ? Nous allons enquêter pour le savoir. N’hésitez pas à nous envoyer vos informations via notre formulaire de lancement d’alerte.

Observatoire Corruption

Contribuables Associés contre la corruption et pour la transparence de la vie publique.