Visé par une enquête préliminaire du Parquet national financier pour avoir salarié ses filles mineures lorsqu’il était député, Bruno Le Roux a démissionné du ministère de l’Intérieur. Il alimente ainsi la longue liste des responsables politiques qui ont prôné la probité sans se l’appliquer à eux-mêmes.

Accusé par les soutiens de François Fillon de partialité, le Parquet national financier a montré qu’il ne s’embarrassait pas des étiquettes dans l’affaire Bruno Le Roux.

Dans les deux cas, une enquête préliminaire a été ouverte dans la foulée d’une révélation médiatique. Après le Canard Enchaîné qui dévoilait le népotisme de Fillon, c’est donc Quotidien qui a épinglé le même népotisme de Le Roux, lequel avait pioché dans son crédit collaborateurs pour salarier ses deux filles, mineures et lycéennes.

L’éphémère ministre de l’Intérieur a démissionné quelques heures plus tard, le décalage étant trop grand entre ses actes et ses discours récents, lui qui, au plus fort du PenelopeGate, prônait l’interdiction pure et simple des emplois conjugaux au Parlement (prudent, il ne parlait pas du cas des enfants, qui concerne d’ailleurs également Fillon).

Au rendez-vous des Tartuffes

Bien que l’on puisse saluer la démission de Le Roux, on ne peut s’empêcher de noter la récurrence des cas de responsables publics donnant des leçons de probité à leurs homologues sans se les appliquer à eux-mêmes.

  • Jérôme Cahuzac, qui en 2012, partait en croisade contre une fraude fiscale qu’il pratiquait ;
  • Thomas Thévenoud, l’un des députés les plus intransigeants contre le même Cahuzac, alors qu’il ne payait pas ses impôts ;
  • François Fillon, qui, pour attaquer Nicolas Sarkozy durant la campagne de la primaire de la droite et du centre, s’interrogeait rhétoriquement sur la double mise en examen de son rival. Fillon qui, encore lui, promettait de se retirer de l’élection présidentielle s’il était mis en examen. Fillon toujours, qui a maintenu sa candidature malgré sa mise en examen.

En creusant un peu, on trouve un cas encore plus pittoresque. Celui de Jean-Christophe Cambadélis qui proposait le vote obligatoire aux élections (comme en Belgique), alors même qu’il n’est pour ainsi dire jamais présent à l’Assemblée nationale pour voter la loi, comme le relevait Pierre-Emmanuel Barré sur France Inter :

(L’humoriste notait par ailleurs que Cambadélis propose le service militaire obligatoire alors qu’il a reconnu avoir simulé des troubles pour y échapper.)

Cette liste n’étant pas exhaustive, on peut s’interroger : pourquoi le parjure, voire le mensonge patent, est-il monnaie courante dans la classe politique ?

Réponse courte : parce qu’il n’est pas sanctionné.

États-Unis : le précédent Bill Clinton

Or, il y a lieu de se demander s’il ne serait pas envisageable de prévoir de lourdes sanctions pour les responsables publics se rendant coupables de tels manquements à la parole donnée.

Rappelons-nous que si l’ancien président américain Bill Clinton a dû faire face à une procédure d’impeachment, c’est parce qu’il avait menti au Congrès sur la nature de ses relations avec Monica Lewinsky. La procédure n’était pas allée à son terme, mais le fait-même qu’elle ait été initiée montre que le respect de la parole donnée est un élément important du processus démocratique aux États-Unis.

Tandis qu’en France, c’est seulement pour fraude fiscale qu’a été condamné Cahuzac, et non pour avoir fait de la lutte contre cette pratique un cheval de bataille alors qu’il s’y adonnait, ce qui est au moins aussi grave.

N’y a-t-il pas là une piste de réflexion pour des réformes futures ?

Observatoire Corruption

Contribuables Associés contre la corruption et pour la transparence de la vie publique.