L’ancien maire de cette petite ville de 9905 habitants, Marc Giraud, désormais président du conseil départemental, est mis en examen pour détournement de fonds publics dans une affaire d’emploi fictif. Les magistrats de la Chambre régionale des comptes de Provence-Alpes-Côte d’Azur pointent également l’extravagance de ses frais de réception, restaurants et alcools pour une commune de cette dimension.
Le Var est régulièrement dans le colimateur des contribuables, et pour cause : entre le député Georges Ginesta qui achète une villa de luxe sur son indemnité représentative de frais de mandat (IRFM) et le maire de Roquebrune-sur-Argens Luc Jousse qui utilise les cartes d’essence et les voitures de fonctions de la mairie à des fins personnelles, le soleil du Midi semble taper sur l’occiput des élus.
Cette fois, c’est le nouveau président du conseil départemental, Marc Giraud, qui est mis en examen pour la gestion passée de la commune de Carqueiranne, dont il a été le maire pendant 18 ans (1997-2015).
Giraud est mis en cause pour détournement de fonds publics dans une affaire d’emploi fictif qui aurait profité à une amie de l’ancien maire.
En creusant, les magistrats de la Chambre régionale des comptes de Provence-Alpes-Côte d’Azur ont également trouvé les anomalies suivantes :
- 250.000 euros par an de frais de cérémonies : Noël, 15-Août, Fête de l’aïoli, Fête des pêcheurs, « Fête du boudin et de sa purée » (sic) ;
- 262.000 euros de frais de réception en 2012, avec des cocktails de 400 invités à 56 euros (payés par le contribuable) par personne ; rien qu’en 2013, un traiteur a facturé pour 119.391 euros à la mairie, sans appel d’offres ni contrat ;
- Plus de 90.000 euros de frais d’alcools par an, avec des bouteilles de champagne à 79 euros pièce ;
- 107.233 euros en 2012 de frais de restaurant pour l’équipe du maire, 122.233 en 2013 (l’inflation, sans doute) ; pour agrémenter les repas, des bouteilles de vin dont le prix unitaire pouvait atteindre les 300 euros ; le plus piquant étant la justification de l’ancien maire : « maintenir une dynamique managériale efficace » (re-sic) ;
- 11.000 euros de salaire par mois pour son directeur de cabinet dans une commune, rappelons-le, dont la taille se situe entre celle d’un gros village et celle d’une petite bourgade.
Il reste à voir la suite que donnera le procureur à cet accablant dossier. Si le qualificatif de « corruption » ne s’applique pas dans l’acception étroitement juridique et judiciaire du terme, d’autres acceptions pourraient tout à fait convenir pour décrire ces pratiques.