Nicolas Gregaoire Udf

Début avril, le journaliste et communicant Nicolas Grégoire a été à l’origine d’un « buzz » retentissant sur la Toile à la suite de ses révélations sur les emplois fictifs qu’il dit avoir occupés à la fin des années 1990 au profit de l’ancienne UDF, en étant officiellement assistant parlementaire. Un mois plus tard, Nicolas Grégoire constate qu’au contraire des médias alternatifs, les médias classiques ont refusé de s’emparer du sujet. Une omerta qu’il estime liée à leur volonté de protéger Emmanuel Macron à travers François Bayrou, ancien président de l’UDF et actuel soutien du candidat.

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Observatoire de la Corruption : Nicolas Grégoire, pouvez-vous résumer l’affaire pour les internautes qui n’en auraient pas encore connaissance ?
Nicolas Grégoire : D’avril 1996 à octobre 1997, soit pendant un an et demi, j’ai occupé deux emplois fictifs pour l’UDF de François Bayrou, en étant officiellement l’assistant du député Guellec et du sénateur Hyest. J’étais rémunéré sur leur crédit collaborateurs, mais j’ai en tout et pour tout travaillé trois heures pour aider Guellec à trier du courrier. En réalité, j’assurais la rédaction du journal de l’UDF, sous l’autorité de François Bayrou, directeur de publication.
O.C. : Dans votre nouvel article, vous constatez qu’un mois après vos révélations, les médias traditionnels ont refusé de s’emparer du sujet, ce qui pose la question de la différence de traitement avec les différentes affaires Fillon. Diriez-vous que les médias ont voulu protéger François Bayrou en tant que soutien d’Emmanuel Macron ?
N.G. : Oui, il s’agit selon moi d’une volonté d’épargner Emmanuel Macron à travers François Bayrou. J’ai apporté des preuves de mes dires [disponibles sur un dossier Google Drive], que les journalistes pouvaient vérifier, et qu’ils ont consultées, comme m’en ont informé les accusés de réception à mes messages. À première vue, j’ai été éberlué qu’ils n’en parlent pas. Puis j’ai fini par penser que le Canard Enchaîné et Mediapart, très actifs dans le « Penelopegate » et ses suites, ont tout simplement choisi leur candidat et l’ont protégé en enterrant une affaire concernant l’un de ses soutiens les plus importants. Mediapart a d’abord refusé de publier l’article, prétextant vouloir faire sa propre enquête pour vérifier mes affirmations, puis a fini par poster une simple brève avec quelques extraits. Quant au Canard, il n’a tout simplement pas donné suite. Pire, Mediapart a invité, deux semaines après mon premier article, François Bayrou sur le sujet du financement de la vie politique, M. Bayrou étant considéré comme un modèle de moralité publique. Bien entendu, l’affaire n’a pas été évoquée lors de l’interview. Si cela ne dédouane pas François Fillon de ses propres responsabilités, il faut reconnaître qu’il a eu raison sur un point : il y a bel et bien eu deux poids deux mesures.
O.C. : Dans votre second article, vous déclarez avoir été espionné et même cambriolé à la suite de vos premières révélations. Ne craignez-vous pas que ces propos puissent être assimilés à des « théories du complot » d’un vague « conspirationniste » et ainsi conduire nombre d’observateurs à jeter « le bébé » de vos révélations avec « l’eau du bain » de vos allégations ?
N.G. : Pourquoi avoir parlé de l’espionnage que j’ai subi depuis mes révélations ? D’abord parce que c’est la vérité. En termes de hiérarchisation des éléments d’information, je devais en parler, car cela donne tout son poids aux révélations initiales. J’estime que cela est lié aux élections, à une volonté politique de retarder les révélations. Il y a une volonté politique certaine de protéger Emmanuel Macron, venant du sommet de l’État, et sur ce point également, François Fillon avait raison de dire que l’Elysée et Matignon ont, eux aussi, choisi leur candidat. La chose la plus importante dans ce témoignage, c’est la sincérité. Mon témoignage sur l’espionnage que j’ai subi ne peut pas empêcher de parler des emplois fictifs de l’UDF.

Observatoire Corruption

Contribuables Associés contre la corruption et pour la transparence de la vie publique.