La Haute Autorité pour la Transparence de la Vie publique (HATVP) a publié les déclarations de patrimoine des 11 candidats à l’élection présidentielle. Celles-ci font apparaître le fastueux train de vie des professionnels de la politique.

À la suite de cette publication, LePoint.fr s’est livré à un épluchage en règle.

On y découvre par exemple que Nicolas Dupont-Aignan, né en 1961, maire de Yerres (Essonne) depuis 1995 (il avait donc 34 ans) et député du même département depuis 1997 (36 ans), « est propriétaire d’une maison dans l’Essonne et de plusieurs appartements à Paris, dont un de 105 mètres carrés, évalué à 1 300 000 euros. Son patrimoine immobilier dépasse les 2 millions d’euros. » Deux millions d’euros de patrimoine en ayant presque toujours vécu de la politique ! Il faut dire que Dupont-Aignan met du beurre dans les épinards en salariant son épouse comme assistante parlementaire. Avec vos impôts, cela va de soi.

Si Jean-Luc Mélenchon a fait preuve de transparence en publiant sa déclaration de son propre chef, il s’y déclare « propriétaire d’un appartement parisien acquis en 2014 et évalué à 837 000 euros ainsi que d’une résidence secondaire près de Montargis (Loiret), évaluée à 190 000 euros. » Plus d’un million d’euros de patrimoine pour cet homme qui a collectionné presque tous les mandats et fonctions (sénateur, conseiller général, ministre, député européen) depuis 1985 (il avait 34 ans). Son explication ? « J’épargne beaucoup parce que je suis très bien payé au Parlement européen. » Un aveu d’autant plus troublant que Mélenchon est extrêmement absentéiste à Bruxelles et Strasbourg, comme l’avait dénoncé Daniel Cohn-Bendit (prière de faire abstraction du messager pour vous concentrer sur le message) :

Autre absentéiste notoire au Parlement européen et membre d’une dynastie vivant de la politique de père en fille et de tante en nièce, Marine Le Pen « a déclaré un patrimoine de 611 832 euros de biens immobiliers comprenant, à travers des parts dans une SCI, une maison de 633 mètres carrés dans les Hauts-de-Seine et une propriété de 120 mètres carrés dans les Pyrénées-Orientales. Elle possède 28,5 % d’une maison de 120 mètres carrés dans le Morbihan et 20,5 % d’une propriété de 382 mètres carrés dans les Hauts-de-Seine. Sur ses comptes, Marine Le Pen affiche un total de 19 372,55 euros détenus sur trois comptes. »

Jean Lassalle, député depuis 2002, maire depuis 1977, conseiller général pendant plus de 33 ans (1982-2015), affiche un patrimoine « évalué à un peu plus de 700 000 euros (un appartement, deux maisons de 226 et 300 mètres carrés et un terrain agricole) ». Notons pour être juste que Lassalle, à rebours de ses collégues, déclarait que les élus sont déjà bien assez payés comme cela. Bémol toutefois : il déclarait dans la même interview devoir sa fortune à son entreprise, ce qui serait tout à fait louable s’il n’avait parallèlement engrangé les indemnités d’élus pendant plus de trois décennies.

Benoît Hamon, apparatchik professionnel de l’Unef au PS en passant par le MJS, « a acquis un appartement de 108 mètres carrés en 2016 dans les Hauts-de-Seine, dont il possède 46,14 %. Son prix est de 700 000 euros et il a souscrit un prêt de 580 348 euros pour le financer « à parité » avec sa conjointe. Il possède en son nom un appartement dans le Finistère évalué à 121 000 euros. »

Par ailleurs, inutile de s’attarder sur le cas de François Fillon, qui n’a jamais vécu d’autre chose que d’indemnités d’élu et affiche un rondelet patrimoine approchant le million d’euros.

Enfin, on peut s’interroger sur la relative indigence du patrimoine d’Emmanuel Macron, lui qui a été tour à tour inspecteur des Finances, banquier d’affaires, secrétaire général adjoint de l’Élysée, puis ministre. Mais on n’en saura pas davantage puisque de son propre aveu, la HATVP n’a aucun moyen de vérifier la sincérité des déclarations de patrimoine (voir ci-dessous).

Des élus trop rémunérés

Que retenir de l’inventaire du Point.fr ? Tout simplement que les élus sont trop rémunérés, malgré le lamento récurrent de nombre d’entre eux qui s’estiment « pas assez payés ». Un problème qui ne pourra pas être résolu tant qu’ils seront juges et parties pour décider de leur indemnisation.

Dans notre Livre Blanc « Contre la corruption, le remède de la transparence », nous nous interrogions :

Un véritable débat est […] nécessaire pour déterminer ce qui serait un juste niveau d’indemnisation pour les élus. Que ceux-ci soient correctement payés semble naturel, mais est-il normal qu’il soit possible de devenir riche en exerçant des mandats en principe désintéressés ?

Une question qui restera sans réponse tant que prévaudra l’idée fausse selon laquelle il faut « bien rémunérer les élus pour les prémunir de la corruption ». La recrudescence des affaires politico-judiciaires touchant des élus professionnels montre bien que le problème de la corruption est plutôt à chercher dans l’irresponsabilité, pour ne pas dire l’impunité, de la majeure partie de la classe politique.

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Bonus : l’impuissance de la HATVP racontée par Le Canard Enchaîné :

Observatoire Corruption

Contribuables Associés contre la corruption et pour la transparence de la vie publique.