Nous étions dimanche place de la République à Paris pour participer au Rassemblement contre la corruption des élus, une initiative qui a essaimé partout en France. Au départ annoncé comme un événement apartisan, ce regroupement a rapidement été pris en otage par l’extrême-gauche, qui a imposé des thèmes bien éloignés de la lutte contre la corruption des élus.
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Tout avait bien commencé : un événement Facebook lancé par un homme, Vincent Galtier, qui se présentait comme un simple citoyen, des familles (photo ci-dessus), et même des banderoles sur lesquelles tout le monde pouvait se retrouver.
Mais avant même le début du Rassemblement, la place de la République était déjà occupée par un grand marabout du mouvement « Nuit Debout », qui s’était illustré au printemps 2016 lors des manifestations contre la Loi Travail, au même endroit.
La présence des militants de ce mouvement n’est pas le problème. Le problème est que l’initiateur s’est révélé beaucoup plus partisan qu’il ne l’affirmait au départ, en se lançant dans une longue diatribe contre « la droite et l’extrême-droite », alors même que, comme le montre toute étude sérieuse du phénomène, la corruption n’a pas de couleur politique, elle est représentée, comme d’ailleurs la probité, dans tous les partis.
Avec une telle entrée en matière, les orateurs qui ont suivi ont abordé tour à tour des sujets sans rapport avec la corruption, comme le niveau jugé excessif des dividendes versés aux actionnaires, les inégalités salariales, ou encore « le manque de langue des signes à la télévision » (sic).
Une caricature d’« A.G. » (assemblée générale) d’extrême-gauche, expérience que l’écrivain Loïc Lorent avait décrite avec beaucoup d’humour dans son pamphlet contre les grèves anti-CPE de 2006, Votre Jeunesse.
Il y aurait lieu d’en rire si la situation n’était pas aussi préoccupante, avec un Sénat qui préfère utiliser les derniers jours de la législature pour modifier le délai de prescription pénale pour les détournements de fonds publics que confirmer le vote de l’Assemblée nationale sur le casier judiciaire vierge pour les élus.
En détournant ce rassemblement à des fins partisanes, « Nuit Debout » et les autres font paraître la lutte pour la transparence de la vie publique comme un masque pour cacher des intérêts idéologiques moins avouables.
Et inversement, en ne participant pas à ce mouvement, les électeurs et sympathisants des Républicains ou du Front national peuvent laisser penser que ce thème est, au fond, très secondaire pour eux (or les enquêtes d’opinion indiquent le contraire).
Pourtant, si le récent exemple de la Roumanie peut nous renseigner sur la marche à suivre, c’est dans le caractère réellement apartisan et monothématique des manifestations. Plutôt que d’entonner les ritournelles rances de l’extrême-gauche, les Roumains unis combattent leur gouvernement corrompu sur ce seul aspect. Et réussissent ainsi à le faire reculer.
Mais peut-être les Roumains sont-ils plus sérieux dans leur mobilisation parce que leur situation est plus grave. Ce qui pose la question de la sincérité des mouvements qui ont hijacké ce premier rassemblement. Sont-ils vraiment indignés par la corruption ? Ou n’est-ce au fond, pour eux, qu’un prétexte ?
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Heureusement, nous avons pu retrouver sur place Christophe Grébert, de MonPuteaux.com, qui a recueilli plus de 400.000 signatures à sa pétition demandant à François Fillon de rembourser le million et demi d’euros versé par les contribuables à son épouse et ses enfants. Son mot d’ordre : « Nous voulons de la transparence ! ».