Samedi, on apprenait que dans les Bouches-du-Rhône, cinq personnes ont été placées en détention provisoire pour favoritisme, corruption, blanchiment, dans une apparente affaire de marché public truqué.
Il est intéressant que cette affaire éclate dans le département de Marseille. C’est en effet ce conseil départemental-là qu’a présidé Jean-Noël Guérini jusqu’aux élections départementales de 2015. Lorsque le scandale avait éclaté, en 2011, Harlem Désir, alors premier secrétaire délégué du Parti socialiste, avait annoncé la « fin du système Guérini ». En 2015, le conseil avait basculé à droite, le rejet de la majorité sortante ayant fortement contribué à ce résultat.
Mais suffit-il de changer un homme, ou une majorité, pour mettre fin à ce type de pratique ? Cette nouvelle affaire montre que le trucage des marchés publics continue d’exister dans les Bouches-du-Rhône :
« L’affaire a été découverte dans le cadre d’une autre enquête, confiée à la Juridiction interrégionale spécialisée (Jirs) de Marseille, qui avait conduit à une perquisition en avril 2016 chez une des personnes mises en cause, où une clé USB avait été trouvée. En analysant la clé, les enquêteurs sont tombés par hasard sur une vidéo montrant un échange d’argent entre deux des protagonistes, dont l’un tient l’argent dans ses mains. Les enquêteurs soupçonnent un échange contre l’attribution d’un marché public du conseil départemental, un marché de 600.000 euros attribué le 4 février 2016 à France Entretien. »
L’autre fait notable est qu’un haut fonctionnaire est impliqué dans cette affaire. Bien que la corruption soit associée, dans les représentations, aux élus et responsables politiques, rien ne serait possible sans la participation de fonctionnaires. En effet, ce sont des fonctionnaires qui exécutent les décisions prises par les élus, et l’implication d’au moins un fonctionnaire est donc indispensable. D’ailleurs, les fonctionnaires, contrairement aux élus, ne sont pas affectés par les changements de majorité.