En mai dernier, nous rapportions le cas de fonctionnaires de la préfecture des Hauts-de-Seine s’étant livrés à un juteux trafic de faux permis de conduire à destination de célébrités. Nous notions alors : « Lorsque l’on parle de corruption dans le débat public, ce sont le plus souvent les responsables politiques qui sont sous le feu des projecteurs. Mais les fonctionnaires sont aussi concernés ».
Trois nouveaux faits d’actualité viennent renforcer cette observation :
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- Tout d’abord, dans le Canard Enchaîné de cette semaine, on découvre un scénario digne de la série policière américaine The Shield (photo). Un brigadier de la police judiciaire de Paris est fortement suspecté d’avoir fait disparaître des scellés 50 kilos de cocaïne qu’il avait préalablement fait saisir, après les avoir, selon les éléments de l’enquête, fournis à un trafiquant. Le policier pouvait ainsi faire coup double : d’un côté, il passait pour un flic efficace dans la lutte contre les stupéfiants, de l’autre, il s’assurait une importante source de revenus occultes ;
- Toujours dans l’hebdomadaire satirique, on apprend qu’un employé municipal de Saint-Denis (Seine-Saint-Denis), déjà pris en flagrant délit de possession d’un kilo de cocaïne il y a un an, est cette fois hautement soupçonné d’avoir entreposé une demi-tonne de cannabis dans un local de la commune. Avec une suspicion de complaisance de la municipalité communiste, soucieuse de préserver la fameuse « paix sociale »… et électorale, tant le business de la drogue fait vivre les « quartiers » ;
- Enfin, l’ex-sous préfète de Grasse (Alpes-Maritimes), Dominique-Claire Testart, a été condamnée mardi à trois ans de prison ferme par le tribunal correctionnel de Nice. Coupable de s’être laissée corrompre par un ami marchand de biens, elle a également écopé d’une interdiction définitive d’exercer toute fonction publique. Notons que ce n’est pas la première fois que le corps préfectoral, censé être le plus intègre de l’administration (il a pour mission de faire respecter la loi dans les départements), est mis en cause : en 2010, l’ancienne préfète de Lozère, Françoise Debaisieux, avait été arrêtée pour vol de mobilier et d’œuvres d’art à la préfecture de Mende. En 2012, elle avait été condamnée en appel à un an de prison ferme et 40.000 euros d’amende.
- Mise à jour, mardi 13 décembre 2016 : le préfet Jean Daubigny, ancien directeur de cabinet de Manuel Valls au ministère de l’Intérieur, a été épinglé pour fraude fiscale.