Depuis sa désignation comme candidat de la droite et du centre pour l’élection présidentielle de 2017, François Fillon est la cible d’un véritable siège de la part des parlementaires LR.
L’objet de leurs assauts répétés : revenir sur l’interdiction du cumul d’un mandat parlementaire avec une fonction exécutive locale (maire, président ou vice-président de conseil départemental ou régional), effective à partir des prochaines élections législatives.
Lors de la campagne pour la primaire, Nicolas Sarkozy avait promis de revenir sur la loi organique de 2014 qui instituait le non-cumul. Quant à Alain Juppé, longtemps favori de cette primaire, il s’était prononcé pour le cumul, sans pour autant promettre de revenir sur la mesure décidée par la majorité socialiste actuelle. Mais François Fillon, lui, a clairement annoncé qu’il ne reviendrait pas sur cette loi.
La victoire surprise de Fillon a donc dû décontenancer nombre de parlementaires cumulards (soit la plupart des députés et sénateurs), qui comptaient sur un changement de majorité en 2017 pour conserver tous leurs mandats.
Parmi ceux-ci, Philippe Bas, président du conseil départemental de la Manche et sénateur du même département. Il affirme que le cumul des mandats est une « hygiène de vie » :
« Cumuler un mandat parlementaire et une fonction locale, c’est une hygiène de vie. Si je suis assez fou pour travailler plus de 80 heures par semaine, ça me regarde ! »
À sa décharge, Philippe Bas n’est pas un cumulard ordinaire : au contraire de ses homologues (pensons à Georges Ginesta, François Vannson ou Éric Jalton, entre de nombreux autres), il est remarquablement assidu au Sénat, et ne perçoit aucun revenu annexe.
Ses statistiques de présence au conseil départemental de la Manche ne nous sont pas connues, mais admettons que Philippe Bas parvienne réellement à concilier sa mission d’élu de la Nation (les parlementaires ont souvent du mal à se considérer comme tels) avec celle de président d’un département enclavé, presque insulaire.
Il n’en restera pas moins que, n’ayant pas le don d’ubiquité, tout le temps et les efforts qu’il consacrera à un mandat, il ne les consacrera pas à l’autre. Philippe Bas parle de travailler « plus de 80 heures par semaine », mais le moins que l’on puisse attendre d’un parlementaire ou d’un dirigeant local, c’est de se consacrer pleinement à cette tâche, ce qui est la justification du niveau élevé des indemnités perçues (11.416 euros net mensuel pour un sénateur).
Quant à ses 80 heures de travail hebdomadaires (soit 11h30 par jour, 7 jours sur 7), Philippe Bas compte-t-il les incessantes navettes qu’il doit effectuer entre le Cotentin et Paris ? Quel est le gain pour les citoyens de ses allers-retours à répétition ?