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Cette semaine, « L’Œil du 20 Heures » de France 2 s’est penché sur l’assiduité des candidats à l’élection présidentielle qui sont également députés et eurodéputés (il n’y a pas à ce jour de sénateur candidat à la présidence de la République).

Les statistiques de présence en commission sont édifiantes, les voici du plus absentéiste au plus assidu :

  • 12% pour le député européen Jean-Luc Mélenchon, candidat Front de Gauche
  • 15% pour le député des Pyrénées-Atlantiques Jean Lassalle, candidat centriste indépendant
  • 22% pour le député de Paris François Fillon, candidat de la droite et du centre
  • 24% pour le député de l’Essonne Nicolas Dupont-Aignan, candidat Debout la France
  • 31% pour le député du Tarn-et-Garonne Sylvia Pinel, candidate du Parti radical de gauche (PRG) aux « Primaires citoyennes » de la « Belle Alliance Populaire »
  • 36% pour le député européen Marine Le Pen, candidate Front national
  • 37% pour le député des Yvelines Benoît Hamon, candidat socialiste aux « Primaires citoyennes » de la « Belle Alliance Populaire »
  • 48% pour le député européen Vincent Peillon, candidat socialiste aux « Primaires citoyennes » de la « Belle Alliance Populaire »
  • 63% pour le député européen Michèle Alliot-Marie, candidate en-dehors des « Républicains »
  • 70% pour le député européen Yannick Jadot, candidat d’Europe Écologie Les Verts (EELV)

Les explications données sont encore plus sidérantes que les statistiques d’assiduité :

  • Jean-Luc Mélenchon, bonnet d’âne de ce classement, estime : « Si je n’y suis pas, c’est parce que je suis quelque part qui me paraît plus utile, c’est ma conception du rôle, c’est à dire dans une manifestation, en train de faire des conférences, de faire mon devoir de lanceur d’alerte » ; ce à quoi l’on pourrait lui objecter que dans ce cas, rien ne l’oblige à rester eurodéputé, et rien ne lui interdit non plus de renoncer à ses indemnités (12.341 € bruts par mois) ;
  • Jean Lassalle, qui fait à peine mieux, est plus honnête : « Je fais autre chose », dit-il dans une lapalissade (ou plutôt une « lassallissade »)… ce qui appelle la même remarque que pour Mélenchon.

Si ce reportage a le mérite de poser le débat de l’absentéisme parlementaire, l’angle adopté induit les citoyens en erreur.

Car ce n’est pas à cause de l’élection présidentielle à venir que les parlementaires sont peu assidus. Bien d’autres, qui ne sont pas candidats, sont aussi absentéistes que Mélenchon et Lassalle. Et il faut noter que le candidat EELV Yannick Jadot affiche un 70% de présence à Bruxelles et Strasbourg fort honorable, bien supérieur à nombre de ses collègues non-candidats.

Les deux vraies raisons de l’absentéisme parlementaire, qui ne s’excluent pas l’une l’autre, sont bien connues :

  1. Le cumul des mandats, qui concerne la plupart des parlementaires
  2. L’exercice d’une activité annexe à côté du ou des mandats, également fort répandu au Parlement

Dans la liste des parlementaires-candidats à la présidentielle, les cumulards (Nicolas Dupont-AignanBenoît HamonJean LassalleMarine Le PenSylvia Pinel) sont aussi nombreux (cinq) que les non-cumulards (Michèle Alliot-MarieFrançois FillonYannick JadotJean-Luc MélenchonVincent Peillon).

Quant aux activités annexes (qui sont exercées au détriment du mandat parlementaire et en dépit d’une indemnité largement suffisante pour s’y consacrer pleinement), elles concernent notamment Vincent Peillon, professeur de philosophie à l’Université de Neuchâtel (Suisse) ou François Fillon et ses lucratives activités de « conseil ».

France 2 aurait dû se pencher sur ces vraies causes de l’absentéisme parlementaire plutôt que de se concentrer sur l’élection présidentielle qui n’est, à cet égard, qu’un alibi.

Observatoire Corruption

Contribuables Associés contre la corruption et pour la transparence de la vie publique.