Démissionnaire de la mairie en raison de son élection à la tête de Provence-Alpes-Côte-d’Azur, Christian Estrosi a fait abaisser le bureau surélevé du maire avant de transmettre — officiellement — les rênes à l’invisible Philippe Pradal.
Le doute était permis depuis l’attentat du 14-Juillet sur la Promenade des Anglais, au lendemain duquel on avait vu un premier adjoint de Nice omniprésent (Christian Estrosi, qui cumule avec la présidence de Provence-Alpes-Côte-d’Azur et celle de la Métropole niçoise) et un maire introuvable (Philippe Pradal, qui a succédé à Estrosi en juin dernier, six mois après les élections régionales).
Après cette photo révélée par Nice-Matin, il n’y a plus guère de doute : Christian Estrosi se considère toujours maire de Nice, et l’abaissement mesquin du bureau surélevé du maire avant la passation de pouvoir en est une officialisation :
Ayant conservé la présidence de la Métropole, faisant fi de sa promesse de se consacrer pleinement à la région PACA s’il était élu, Estrosi illustre la réalité du pouvoir urbain : désormais, ce sont les délégués intercommunaux non-élus (siégeant dans les communautés de communes, communautés d’agglomération ou métropoles) qui prennent les décisions importantes, et non les édiles municipaux, transformés en simples maires d’arrondissements.
Un constat qui rend encore plus hypocrite le « renoncement » d’Estrosi à la mairie, tout comme celui de Xavier Bertrand à Saint-Quentin (Aisne), dont il a lui aussi conservé la présidence de la communauté d’agglomération en plus de celle des « Hauts-de-France ».
Comme l’avait noté Contribuables Associés plus d’un mois après les élections régionales, alors qu’Estrosi se refusait toujours à démissionner de son siège de député des Alpes-Maritimes (il ne l’a fait que le 30 mars), ces cumuls de fonctions incompatibles entre elles (président de région, de métropole, député et maire sont chacune des fonctions à plein temps) impliquent également des cumuls de rémunérations, payées par les contribuables.
Nicolas Sarkozy, candidat à la primaire de la droite et du centre (soutenu par Estrosi), promet de revenir sur la loi organique de 2014, qui interdit à partir de 2017 le cumul d’un mandat parlementaire avec une fonction exécutive locale (maire, président ou vice-président de conseil départemental ou régional).
La leçon à retenir du cas d’Estrosi, ou de celui de Jean-Michel Baylet, ministre qui exerce trois mandats locaux, plaide au contraire pour un renforcement de cette loi, en interdisant les cumuls de mandats locaux, y compris intercommunaux, entre eux (cas Bertrand et Estrosi) ou d’un mandat local avec un portefeuille ministériel (c’est le cas de Baylet mais surtout de Jean-Yves Le Drian, ministre de la Défense d’un pays en guerre à l’étranger et sur son territoire tout en étant président de la Bretagne, une région de 4,5 millions d’habitants).