À lire : Comment Anne Hidalgo arrose les associations à Paris
***
Contribuables Associés a épluché les subventions du Conseil de Paris en 2016. Et a découvert que l’organisation anti-corruption va bénéficier d’une aide de 6600 euros, deux ans et demi après avoir implicitement soutenu Anne Hidalgo à l’élection municipale.
Peut-on être crédible en dénonçant les conflits d’intérêts, tout en étant subventionné par le pouvoir ?
On peut se poser la question en découvrant que Transparency International France, l’une des principales organisations luttant contre la corruption dans l’Hexagone, va bénéficier de 6600 euros d’aide du Conseil de Paris pour « sensibiliser les citoyens aux dangers et aux conséquences de la corruption ».
Et lorsque l’on s’intéresse au processus qui semble avoir mené à cette subvention, on peut même se demander s’il n’y a pas un « remerciement pour service rendu » de la part d’Anne Hidalgo.
En mars 2014, celle qui avait été la première adjointe au maire pendant 13 ans est candidate à la succession de Bertrand Delanoë. Dans le cadre de la campagne municipale, Transparency International France soumet une liste de cinq mesures aux candidats, que signe Hidalgo, ce qui lui vaut un satisfecit de la part de l’organisation :
#Municipales2014: La candidate PS à Paris @Anne_Hidalgo, s’engage sur nos 5 propositions #transparence http://t.co/YVdYouEhXA
— Transparency France (@TI_France) 17 mars 2014
Six mois plus tard, Hidalgo, désormais maire, signale par ailleurs que l’ONG a salué le code de déontologie des élus du Conseil de Paris :
L’agence Transparency international @TI_France a salué le code de déontologie des élus du #conseildeparis
— Anne Hidalgo (@Anne_Hidalgo) 29 septembre 2014
Difficile donc de ne pas voir de lien de cause à effet entre cette idylle de 2014 et la subvention de 2016. Or, venant du pouvoir politique, il s’agit de s’assurer de la bienveillance du bénéficiaire, par la carotte lors de l’octroi de l’aide publique, et éventuellement par le bâton en pouvant menacer de la retirer, si d’aventure il lui prenait l’envie de critiquer les édiles en place…
Il faut dire que Transparency International France fait preuve d’un remarquable biais anti-secteur privé et pro-secteur public, ce dernier étant censément sanctuarisé par sa mission théorique d’intérêt général.
Dans une telle optique, l’argent émanant du privé est forcément suspect (notamment pour le financement de la vie politique), tandis que l’argent public est paré de toutes les vertus, et ce en dépit des nombreux dévoiements que font apparaître les affaires de corruption.
Ce biais tient peut-être à la personnalité du président de Transparency International France, Daniel Lebègue, énarque, ex-directeur du Trésor et ex-directeur général de la Caisse des dépôts et consignations.
Pour notre part, il est clair qu’une subvention n’est jamais neutre, et qu’on ne peut se poser en contre-pouvoir lorsque l’on est l’obligé du pouvoir, comme l’illustre la dépendance des journaux aux aides publiques à la presse écrite.
C’est pourquoi Contribuables Associés, dont l’Observatoire de la Corruption est l’outil, ne vit que des dons de ses membres, conformément à ses statuts, inchangés depuis la création de l’association en 1990.
C’est d’ailleurs l’occasion pour nous, en cette fin d’année, de vous inviter à nous faire un don, déductible à 66% de votre impôt sur le revenu, dans la limite de 20% de votre revenu imposable.
Sans vous, nous ne pourrons continuer notre mission de lutte contre la corruption et de promotion de la transparence de la vie publique !
D’avance, merci.